Janvier 1917… cette nuit là, il faisait terriblement froid… un froid sec, un des pires froids … Albert grelottait…la neige était partout… mais heureusement elle ne tombait pas… l’hiver était vraiment rude, et ce petit gars du Tarn n’y était pas habitué… quand on a 20 ans, on a la vie devant soi… il faisait pourtant terriblement froid cette nuit là… Albert regardait le ciel, d’une beauté magique… les étoiles brillaient toutes…. Et la lune était pleine…

A chaque respiration, Albert souffrait… le froid le tuait à petit feu… il avait tout de même des bottes, prises sur un cadavre allemand… ses multiples chaussettes n’empêchait même plus le froid… son long par-dessus, ses gaines, ses mitaines, rien, plus rien ne le protégeait du froid…Albert avait 20 ans… paysan, il s’était retrouvé mobilisé deux ans auparavant… loin de la guerre qu’il était, dans sa campagne du Quercy… il était l’ainé d’une fratrie de cinq enfants, son père avait été mobilisé dès août 1914…

Albert revoyait son enfance à la ferme, il regrettait ses frères et sœurs, et par-dessus tout, sa fiancé lui manquait… La douce Mathilde avait 17 ans, blonde comme les blés, belle comme le matin… Albert l’aimait… elle lui manquait terriblement… et cette nuit-là, par ce froid si grand, les étoiles lui rappelait sa belle fiancé… elle lui manquait parce qu’elle venait de mourir… elle était bêtement tombé du pont de grange, et la chute lui a été fatale… Albert était désespéré… il faisait une guerre qu’il ne comprenait pas, il tuait des gens qu’ils ne connaissait pas, enfin, par-dessus tout, il se battait pour une cause qui lui échappait…

Et cette nuit, alors que c’était un peu plus calme, il n’avait qu’une seule envie… se jeter dans la tranchée ennemie… il serait dans sa main la seule photo de Mathilde qu’il avait…

Il se souvenait de ce jour… c’était un dimanche, alors qu’il était allé à la grand messe à Montauban, avec toute sa famille, et sa fiancé, ils en profita pour voir cette curiosité qu’on appelait photographie… et c’est ainsi qu’il se fit tirer le portrait, tout comme Mathilde…

Mais cette nuit, il n’avait plus envie de rien… sa fiancé venait de mourir, son père était mort en septembre 1914, et ses deux frères venaient d’être à leur tour mobilisé…

Il parvint à se lever… le froid avait pourtant bloqué tous les membres de son corps… mais il ne sentait plus le froid… Henri, qui était à ses cotés, lui demanda ce qu’il faisait… Albert se contenta de répondre par un geste, qui signifiait à la fois le salut et l’envie d’être tranquille… puis il se dirigea vers l’échelle… il grimpa… Henri l’appelait, lui disant qu’il était fou, qu’il allait crever, que les Boches allait le tirer comme un garenne…

Peu importait… Albert venait de sortir de la tranchée, et se dirigeait vers la tranchée allemande… Henri l’appelait, le suppliais de revenir… Albert sorti avec peine une boite d’allumette de sa poche… il craqua, toujours avec peine, une des allumettes, qui se brisa sans la moindre étincelle… Henri criai toujours, à voix basse, mais suffisamment audible pour Albert… ce dernier prit une autre allumette... la craqua elle aussi… la flamme était belle… chaude, elle représentait l’espoir… le feu le calmait et le rendait serein… alors il commença à entonner une chanson, les mots avaient du mal a sortir de sa bouche… « c’est la valse brune… des chevaliers de la lune… »… un allemand cria… « Feuer !!! »… dans le silence de la nuit, une détonation brisa la calme au dessus de ce champ de bataille… Albert regarda en direction de la tranchée allemande… il tomba à genou… puis s’écroula… Henri hurla un « non » d’une puissance inouïe… puis le silence regagna les tranchées de tout bord…

Un peu plus tard dans la nuit, Henri partit avec un autre soldat chercher Albert… franchir les barbelés… traîner le corps… à la lumière, ils virent que Albert souriait, les yeux fermés, et serrait dans sa main la photo de Mathilde… on prit ses affaires personnelles, et on se pressa d’enterrer Albert… désormais, il reposait en paix…

ce jour là, il pleuvait... il pleuvait meme enormement... c'etait un samedi de septembre, le 29 pour etre exact... ma famille venait d'etre endeuillée quelques jours auparavant... ce jour là, j'etais en haute-saone, dans ce petit village nommé granges-la-ville...

j'avais 15 ans, des reves pleins la tete... je venais de rentrer en seconde... ce jour là, alors que je me promenais autours de la vieille ferme de mon grand oncle, je fis une decouverte spectaculaire... ou plutot une redecouverte... en effet, quelques années auparavant, j'avais deja remarqué cela, mais sans y preter davantages attention, et ça m'etais sortis de la tete, mais ce jour là de septembre...

elle etait là, sous des tas d'objets divers et variés, allant de la cagette à fruits en passant par le présentoire de magasin, cachée par les piles de bois, les outillages de jardin, les vieux cartons... seule son oeil semblait sortir de nulle part... puis en regardant du plus pres, on distingait ses formes...

depuis combien de temps etait-elle là? depuis combien de temps attendait-elle qu'on prete enfin attention à elle?...

je commença à deblayer autours d'elle... ce fut le coup de foudre... dans sa vieille robe vert brillant, poussiereuse, fatiguée.... elle avait l'air de ne pas avoir bougé depuis une eternité... son identité, elle, etait encore visible: 44 FL 70...

à ce moment là, mon grand oncle arriva, et me regarda en souriant... je me retourna vers lui, et lui demanda simplement: "je peux vous l'acheter?", et lui de me repondre toujours en souriant: "je te la donne!"...

j'etais heureux... cette venerable grand mere allait enfin retrouver une seconde jeunesse! j'ouvris la porte avant passager, et m'engouffra dans ce qui devenait ma premiere voiture: une 2CV! un reve d'enfant, une passion vieille de plus de dix ans... aussi loin que ma memoire me permettait de remonter, j'aimais la 2CV...

les clées etaient accrochées apres la boite à gant, artisanale cette derniere...

pas de neiman de demarrage... misere... pas grave, j'etais heureux...

pendant des mois, je l'ai laissé dans sa grange, à granges-la-ville, puis un jour de juin, le 11, j'entrepris de la sortir... il faisait beau, et chaud... c'etait le debut de la fameuse canicule...

elle sortait à la lumiere pour la premiere fois depuis pres de 20 ans... cette venerale etait une 2CV de 1969...

je lui fis un lavage pour la depoussierer, puis je constata l'etat general... un vert brillant passé, peint au pinceau sous un blanc creme d'origine... une banquete arriere rouge, un siege passager jaune en tissu, un siege conducteur en skaï bleu, des planchers plutot fatigués... beaucoup de chose a refaire... et je n'y connaissai rien en mecanique et en carosserie à cette epoque... qu'importe, j'avais 16 ans et la volonté de fer!

mon arriere grand mere, qui habitait a coté, vint voir avec ma mere cette petite merveille... elle souriait, mon grand oncle aussi, j'etais aux anges...

puis, le mois suivant, je me resigna a m'en separer... mon grand oncle, pris d'un coup de folie, et sous l'emprise du fleau qui ravage encore maintenant tout les hommes de ma famille, l'alcool, m'interdit l'acces au garage où elle etait... desormais, elle etait condamnée chez lui... et elle partie quelques temps plus tard dans une casse de haute-saone...

voilà comment j'ai eu ma premiere voiture, et comment je m'en suis separé, a regrets...

entretemps, je me suis reconcilié avec mon grand oncle, et la deuxieme 2CV qu'il a, une camionette cette fois, elle aussi endormi depuis longtemps, m'est destinée... mais j'attend le jour où j'aurais de la place et du temps pour elle... et ce jour là, celle ci aura le droit à toutes mes attentions...

ce soir de juin 1936, la france vivait au rythme des greves sur le tas, de la paralysie presque generale, bref, du front populaire....

partout en france la meme agitation... meme dans ce petit village de la haute-saone profonde... ce soir là, un bal etait donné dans la cour de l'usine de Granges la ville, ce petit village de Haute-saone... accordeon, valse musette, grands eclats de rire, lampions... l'ambiance etait formidable et festive... au milieux de tout cela, il avait une fille, Lucie, 15 ans à peine. brune, les yeux bleus tres jolie, et puis la beauté de son age. il y avait aussi un garçon, Jules, 24 ans, rondouillard, souriant, chatin, les yeux bleus lui aussi...

ils ne se quittaient pas des yeux ce soir là... elle etait habillée d'une robe bleue et blanche, et lui avait son pantalon de terre-gale et sa chemise à carreau... ils danserent une valse, puis une autre... il lui offrait à boire, elle buvait... ils etaient bien... elle etait cultivatrice, comme on l'etait generalement dans une ferme et qu'on etait une femme, et lui etait travailleur journalier, ambauché par les chemins de fers vicinaux...

ce soir là, il faisait donc un temps superbe... l'ambiance battait son plein... les deux amoureux, dans un elan d'attirance, s'eloignerent pour remonter vers le champ du pere Sallot... ils se coucherent dans l'herbe, et regarderent les etoiles... puis il se tourna vers elle, ils s'embrasserent... puis entamerent le va-et-vient erotique, ce ballet de l'amour... desormais unis, elle tomba enceinte ce soir là... le front populaire avait lié deux etre... quelques mois plus tard naissait une petite fille, à la fin de fevrier...

cette petite fille n'est autre que ma grand mere... voici comment le front populaire m'a donné naissance...

salut à toi, visiteur de l'étoile du soir!



voici que tu decouvres mon univers, entre folie et bon sens, entre maturité et insouciance, entre vie et survie....




je me presente rapidement: je me nomme vivien, j'ai 20 ans, et je suis etudiant. j'avais un blog sur skyblog, qui a été purement et simplement supprimé parce que je disais ce que je pensais, et que chez sky, on aime pas trop ça, les gens qui ne pensent pas que parfois, ce qui nous entoure peut vraiment faire du mal.... mais c'est pas grave juste deux ans de travail ruiné en un clic par skyblog...




bref, donc je vous souhaite la bienvenue! j'espere que cet univers vous ira, peu importe les visites, je ne veux simplement que le respect de ce blog soit bien effectif! pas d'insultes, pas de commentaires debiles, et tout ira bien!




merci à vous! et banzaï!